Le logiciel d'animation Fantavision : Une révolution oubliée des années 80

Le 27/09/2025 à 08:25

Dans les années 80, l'informatique personnelle était encore un terrain de jeu pour les pionniers, et l'animation graphique relevait souvent du domaine des studios professionnels. C'est dans ce contexte que Fantavision a vu le jour, un logiciel qui a permis à des amateurs et des passionnés de créer des animations fluides et créatives sur des ordinateurs domestiques. Développé par Scott Anderson et édité par Broderbund en 1985, Fantavision n'était pas un simple outil de dessin, mais une véritable plateforme d'animation vectorielle qui a marqué son époque. Retour sur ce joyau technologique qui mérite d'être redécouvert.

 

Les origines et le développement

Fantavision a été initialement conçu pour l'Apple II, un ordinateur emblématique qui a démocratisé l'informatique à la fin des années 70 et au début des années 80. Lancé en 1985, le programme nécessitait au minimum 64 Ko de mémoire RAM, ce qui était standard pour l'époque. Scott Anderson, son créateur, a misé sur une approche intuitive pour rendre l'animation accessible à tous. Broderbund, connu pour ses titres innovants comme The Print Shop ou Where in the World is Carmen Sandiego?, a vu en Fantavision un potentiel révolutionnaire.

Le logiciel s'est rapidement adapté à d'autres plateformes. En 1987, une version optimisée est sortie pour l'Apple IIGS, avec un support graphique amélioré. L'année suivante, en 1988, Fantavision débarque sur Amiga et MS-DOS, élargissant ainsi son audience. Ces ports ont permis à des utilisateurs sur des machines plus puissantes de profiter de ses fonctionnalités avancées, comme l'intégration de sons numériques pour accompagner les animations.

Les fonctionnalités phares

Ce qui rendait Fantavision si spécial, c'était sa capacité à simplifier des techniques complexes d'animation. Contrairement aux logiciels de l'époque qui exigeaient un dessin frame par frame laborieux, Fantavision introduisait le « tweening » ou interpolation de frames directement sur ordinateur domestique. Les publicités de Broderbund le présentaient comme une « percée révolutionnaire » qui apportait les outils de tweening et de transformation aux foyers.

Voici les éléments clés qui ont fait sa force :

- Animation vectorielle : Les utilisateurs dessinaient des objets et des formes avec la souris ou le clavier, en utilisant des graphiques vectoriels scalables. Cela permettait des animations nettes, même en redimensionnant les éléments.

- Tweening automatique : Il suffisait de définir des « key frames » (images clés) pour que le logiciel génère automatiquement les frames intermédiaires, créant des mouvements fluides comme des rotations, des translations ou des déformations.

- Contrôle orienté objet : Chaque élément (ligne, forme, groupe) pouvait être manipulé indépendamment, facilitant la création de scènes complexes.

- Intégration sonore : Une bibliothèque de sons numériques était incluse, permettant d'ajouter de l'audio synchronisé aux animations. Cela transformait un simple dessin en un court métrage complet.

- Bibliothèque d'animations : Le logiciel venait avec une collection d'exemples prêts à l'emploi, inspirant les utilisateurs novices à expérimenter.

Bien que limité par exemple, il ne gérait pas les courbes complexes, Fantavision était considéré comme le meilleur programme d'animation pour IBM PC en 1989 par le magazine Compute!. Son interface utilisateur, riche en couleurs et intuitive, offrait une large gamme d'options pour produire des clips allant de quelques secondes à plusieurs minutes.

L'impact et l'héritage

Fantavision n'a pas seulement été un outil technique ; il a démocratisé l'animation à une époque où les outils professionnels comme ceux d'Adobe n'existaient pas encore. Des éducateurs l'utilisaient pour enseigner les bases du graphisme, tandis que des artistes amateurs produisaient des courts-métrages personnels. Sur Amiga, connu pour ses capacités graphiques supérieures, il a brillé par sa fluidité.

Malheureusement, comme beaucoup de logiciels des années 80, Fantavision a sombré dans l'oubli avec la disparition de Broderbund (racheté par Mattel en 1998) et l'évolution rapide des technologies. Des rumeurs ont circulé sur une version 2.1 pour Apple IIGS, mais elles se sont avérées être des copies modifiées non officielles. Aujourd'hui, il est disponible en abandonware sur des sites d'archives, permettant aux passionnés de le relancer sur des émulateurs.

Son héritage perdure dans les outils modernes comme Adobe Animate ou Blender, qui reprennent le principe de tweening de manière sophistiquée. Fantavision nous rappelle que l'innovation peut naître de contraintes techniques, et qu'un bon logiciel est avant tout accessible.

En conclusion, Fantavision n'était pas qu'un programme : c'était une porte ouverte vers la créativité numérique. Si vous êtes fan de rétro-informatique, essayez-le vous verrez à quel point les bases de l'animation étaient déjà posées il y a quarante ans.

Sources :
Wikipedia (Fantavision), LaunchBox Games Database, WinWorld, HandWiki, Old-Games.com.

 

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